Le créateur de mode le plus célèbre du Japon, Kenzo Takada, fondateur de la marque mondiale Kenzo, est décédé dimanche dans la capitale française à l’âge de 81 ans après avoir contracté un coronavirus.
Un afflux d’hommage
Les hommages ont afflués pour Takada, le premier créateur japonais à s’installer à Paris et connu notamment pour ses imprimés floraux emblématiques. Retraité depuis 1999, il vendit la maison Kenzo au groupe de luxe LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy) pour se consacrer à divers projets. En début d’année il avait d’ailleurs de nouveau collaboré avec la marque sur une nouvelle collection.
Sa mort survient 50 ans après avoir lancé sa première collection à Paris, qui l’avait finalement totalement adopté. «Chaque mur, chaque ciel et chaque passant m’aide à construire mes collections», a dit un jour Takada à propos de la ville.
«Aujourd’hui, son optimisme, sa joie de vivre et sa générosité continuent d’être les piliers de notre Maison. Il nous manquera beaucoup et nous nous en souviendrons toujours »
Maison KENZO
Le rêve parisien
Né en 1939 dans une famille d’hôteliers, il choisit d’étudier l’art et non la restauration. Grâce à son génie, il devient l’élève vedette du collège Bunka Gakuen de Toyko, où il remporte le premier prix. Il travaille ensuite quelques temps pour Sanai, une grande chaîne de magasins de mode, mais souhaite alors déjà s’établir à Paris.

Les Jeux Olympiques de 1964 ont finalement donné à Takada l’occasion de venir s’installer en Europe. En effet, l’immeuble dans lequel il louait un appartement devait être démoli pour faire place à un stade. Comme tous les locataires, il reçoit alors une indemnité et décide de dépenser cet argent pour prendre un aller simple sur un cargo pour Marseille.
En 1965, il arrive enfin à Paris, mais ne parlant pratiquement pas français, il prend un poste de toiletteur canin.
Kenzo, la consécration

En 1970, cependant, il loue un local dans la Galerie Vivienne, alors galerie marchande plutôt en panne. «Avec quelques amis pendant trois mois, nous avons peint les murs avec des scènes de jungle comme le Charmeur de serpent du Douanier Rousseau et l’avons baptisé Jungle Jap», se souvient-il plus tard.
Son premier spectacle, faisant défiler des modèles amateurs, y aura finalement lieu. Parmi les 20 personnes invitées, figurait la rédactrice en chef du magazine Elle, qui a tellement aimé la collection qu’elle en a alors fait sa Une. Ainsi, il devient se fait un nom presque du jour au lendemain, et se met à revitaliser l’industrie de la mode avec ses interprétations contemporaines.
Au début des années 1980, alors que d’autres créateurs japonais font leur chemin à Paris, Takada est déjà bien implanté sur la scène de la mode française. Sa première collection masculine est présentée en 1983 et son premier parfum, Kenzo Kenzo, en 1988.
Depuis le début des années 1980, des boutiques ont ouvert dans le monde entier à New York, Londres, Milan, Toyko et Rome, suivies plus tard par Hong Kong, Munich, Venise, Bangkok et Singapour.